Peinture invisible

Elle a blanchi la feuille à l’envers
Elle a écouté la couleur l’appeler
Elle n’est pas d’humeur rouge aujourd’hui
Elle a pensé longtemps à la photographie dans le cadre
Elle s’est souvenue de l’encre et de la plume
Elle s’est figée, méfiée
Elle a voulu toucher – couler
Elle a empreinté – cerclé
Elle a fermé la porte
Elle n’a pas osé sortir
Elle a voulu respirer
Elle n’est pas sûre
Elle a perdu la clé
Et elle a eu peur.

Ecrit le 18 février 2017
Droits réservés © 1001 petits pois

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La fugacité des nuages

Le tablier du peintre
Recouvre la peau artiste
Pour la cacher de la nudité

A l’âme recluse
Il voile les instants
Pour forcer l’admiration

La couleur chair
S’associe au pinceau
Pour divulguer la faiblesse

Elle se donne
A l’inconnu pour un instant
L’éternité

Accrochée au chevalet
La tristesse en bandoulière
La lumière s’est perdue dans les yeux vides

L’éclaircie du printemps
S’accroche pourtant aux pierres
Et inspire le mouvement

La fugacité des nuages
Avec les couleurs opportunes
Donnent à voir juste ce qu’il faut

L’ombre et l’éclat
S’amusent à regarder le ciel
En un clin d’œil

Ecrit le 18 février 2017
Droits réservés © 1001 petits pois 

Je n’écrirai rien

A vue de lune, s’allument histoires, peines et larmes
Et la tristesse des autres se plonge dans mon regard délavé.

J’écrirai pourtant Chaleur
A l’imprécision subtile des pas feutrés sous les portes cochères.

Reviendra Violence
Au tumulte de l’eau poisseuse dans la rivière crasse laissée par les peu-de-foi.

A vue de rien, s’éteignent brouillards, ombres et noirceurs
Et la folie des autres avale mon cœur bousculé.

J’écrirai pourtant Douceur
A l’éphémère caressant de la plume sur le sol froissé.

Reviendra Colère
A l’injustesse de la voix criarde, hurlante, vociférante couvrant le bruit de la vie simple.

Je n’écrirai alors rien d’autre que le silence.
Je n’écrirai rien d’autre.
Je n’écrirai rien.

Ecrit le 4 février 2017
Droits réservés © 1001 petits pois 

Crépuscules

Sur le fil, la jeune fille en équilibre
Sur la robe, les pois rouges parsemés
Sur la branche, les fleurs roses agrafées

Elle. S’amarre [à la vie] et traverse [le vide]
Elle. Cramponne [le destin] et suspend [l’infini]
Elle. Trouve [à la croisée] et trace [les courbes]

Sur la montagne, le jeune lutin au baluchon
Sur la tête, un bonnet bleu nuit, oreilles cachées
Sur l’herbe, des fleurs bleues agrafées

Il. [S’amarre] A la vie. [Traverse] Le vide
Il. [Cramponne] Le destin.  [Suspend] L’infini
Il. [Trouve] A la croisée. [Trace] Les courbes

Crépuscules.
Le soleil se cache, les étoiles se vident
De leurs sens.
De leurs contresens.

Pourtant la planète est bien accrochée.

Ecrit le 4 février 2017
Droits réservés © 1001 petits pois