Portrait du jour

97. Elle      Vêtue d’ombre
97. Elle      Chapeautée de brumes

97. Elle      A pas feutrés, à corps perdu
97. Elle      A la tête pleine, vapeurs d’antan

97. Elle      Proche à la terre
97. Elle      Presque aux étoiles

97. Elle      Effacée, presque déjà le souvenir d’elle-même
97. Elle      Silence, presque déjà à écouter les autres, là-bas.

97. Elle      Libre sans doute, au passage
97. Elle      Sourire sans doute, à l’arrivée

La grand-mère. 97 ans.
Ma grand-mère. Elle.

Ecrit le 20 janvier 2018
Droits réservés © 1001 petits pois

Publicité

Quadrature

La voie lactée ou les tréfonds des océans
Les zones d’ombre inséparables
Trois pépites mélancoliques
Main dans la main
Le vestiaire printanier
La fin de la grisaille
Lanternes magiques et traits de plumes

Le bruit de l’eau
Le sortilège lumineux
Une génération de rêveurs parmi les pissenlits
Une épopée
En lettres blanches entièrement
Plongée dans le noir
Pensées dans un monde quadrillé

La nouvelle vague
Une longue chevelure blanche
Tout un poème en vert
Ses obsessions et ses rituels nocturnes qui mènent au sommeil
Coup de foudre instantané
Le regard doux et clair
A couper le souffle
Baigné d’ombres et de lumières
Figer le temps

Les uns et les autres
La pierre dans le brouillard
Les terres inexplorées
Le long des murs en briques rouges
Dire les choses
Aimer la maladresse à voix haute
Un thermos de café et une rame de papier
Au large de l’île Boëdic

Collages – Ecrit en août 2016
Droits réservés © 1001 petits pois

 

 

Utopie #2

Sur des dessins, presque des fresques
Sur la place Saint-Pierre, en train d’attendre un taxi avec une valise et une cage à oiseaux
Rejoindre le ponton
Déambuler en loup blessé
524 questions posées
Il m’a fallu six mois pour trouver.

Collage – Ecrit en février 2017
Droits réservés © 1001 petits pois

La barrière

Au cœur, le froid l’envahit.
Il voudrait briser la glace, la barrière herbeuse l’en empêche.
A l’extérieur, le soleil brûle.
Il est prisonnier.
Emmuré de bleu nuit.
Les étoiles, il les devine, paupières fermées.
Il pourrait presque.
Il toucherait alors au but.
Il passerait le mur de dentelles de pierre.
Il traverserait les flammes de pluie.

Et puis.
S’habiller de rouge vif.
Poser un pied sur tapis boueux de la terre.
S’enfoncer, vibrer, respirer.
Devenir libre.

Et alors.
Sortir du cercle, sans un regard pour l’empreinte éphémère qui disparaît dès que la page se tourne.

Ecrit le 30 mai 2015
Droits réservés © 1001 petits pois

Il eût fallu

Il eût fallu se réveiller de pleine lune, deviner l’ombre d’un feu follet
Il eût fallu laisser l’eau déambuler, cristalline à la main emprisonnée
Il eût fallu grandir avec folie, laisser la sagesse s’infiltrer par les interstices
Il eût fallu donner des bouts de lumière aux coins sombres des mémoires
Il eût fallu s’endormir dans la rondeur des songes effilochés
Il eût fallu mettre des sandales d’ardoise aux chemins ensorcelés
Il eût fallu mordre les nuages à pleines dents de loup
Il eût fallu apercevoir un filet de nuit à travers les branches mortes

Il eût fallu attendre l’océan
Dans un petit coin de la ville urbaine
Dans le bruit des klaxons vides
Dans le silence des églises romanes.

Ecrit le 7 septembre 2013
Droits réservés © 1001 petits pois

Rouge

Je me suis dit.
Entre la pluie et la page.
Entre lui et l’image.
Il y a.

J’ai cru à l’histoire.
Au bleu assailli.
Dans la faille.

Face à face.
Les rides de l’arbre.
L’ourlet de l’eau.
Les veines de la terre.

Allongée.
Le souvenir de ton visage éteint dans le noir.
J’existe rouge.

Ecrit le 1er octobre 2016
Droits réservés © 1001 petits pois

Grains de sel

Une toile d’araignée parsemée de grains de pluie
Une paire de chaussures accrochée à un fil de sel électrique
Un nuage d’oiseaux arrimé à la ligne de coeur

Une histoire germée
Une histoire égrénée
Une histoire bourgonnée

Et puis
S’asseoir sur un banc
Ne rien faire
Ne pas savoir
Se souvenir
Et sourire

Ecrit le 2 décembre 2017, en hommage à Françoise Héritier
Droits réservés © 1001 petits pois