Déterrer ma voix

Ecrire pour déterrer ma voix et détendre mes silences
Ecrire pour faire entendre tout le corps dans mon souffle
Ecrire pour laisser venir ma peur des mots

Ecrire pour s’enfoncer dans le doute et être en sentinelle de moi
Ecrire pour donner l’impression
Ecrire pour ne pas savoir

Dire pour s’amarrer à la terre et fissurer l’écorce
Dire pour oser se taire
Dire pour être capable

Donner de la voix.
Suspendre l’intime fragilité sur le fil.
Donner de la voix.
S’ancrer au creux de l’obscur.
Donner de la voix.
Laisser la tombe de pierre de côté.

Et donner ma voix.
Pour entendre l’histoire du monde.

Ecrit le 26 mai 2018
Droits réservés © 1001 petits pois

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Spirale

La mémoire, le temps qui passe, de très loin, de tous côtés, sans écho …
Il y avait mille chemins, un autre monde. La vérité.
C’était la nuit, j’ai rencontré la peur, comme un enfant.
Soudain, l’horizon, le lac, la terre. Et la lenteur.
J’écoutais la pluie devant la mer.

Elle riait.

Ecrit le 10 mai 2018
Droits réservés © 1001 petits pois

L’opéra du monde

Acte I
Du commencement naît le fil de l’araignée qui tisse la toile quadrillée du ciel …
Du commencement tisse Pénélope qui enroule le silence en lourdes pelotes …
Du commencement enroule la vague qui étire la candeur et les lenteurs premières …

Acte II
Le monde, mon monde, est une virgule à peine esquissée …
Le monde, mon monde, est jalonné de petits points pour continuer la route …
Le monde, mon monde, fait jaillir une exclamation surgie de nulle part, entourée d’interrogations récurrentes …
Mais le monde, mon monde, ne sera jamais un point à la ligne.

Acte III
Au commencement, le monde, mon monde, est transparence.
Au commencement du monde, il y a la lumière et.
Au commencement, le monde, mon monde, est lumière.
Au commencement du monde, il y a la fragilité et.
Au commencement, le monde, mon monde est fragilité.
Au commencement, il y a la douceur et.

Acte IV
Au commencement, le monde, mon monde est.
Au commencement du monde, il y a.
Et

FIN

Note finale de l’auteur :
… attention, un accident de suspension peut provoquer un excès de poésie …

Ecrit le 7 avril 2018
Droits réservés © 1001 petits pois

Paysage

Le paysage, un point d’interrogation accroché dans l’arbre
Le paysage, une croûte de terre enfoncée dans les pas
Le paysage, une vague d’impuissance en pleine tempête
Le paysage, une violence intérieure traversée du destin
Le paysage, un passage entre les deux mondes

Le paysage, une demande faite à ma vie

Le paysage devient tendu, une toile obscure à l’entrée du chemin
Le paysage devient fragile, une feuille de soie déchirée d’une griffe
Le paysage devient folie, une amertume sombre, déversée et abrutie d’horreur
Le paysage devient majeur, une clé de sol perdue dans l’herbeuse partition intime
Le paysage devient ailleurs, un silence profond amarré à mon errance

Le paysage revient toujours à mon point de départ.

Le paysage n’est jamais le même.
Et moi non plus.


Ecrit le 7 avril 2018
Droits réservés © 1001 petits pois