A ceux là

A ceux là
Nulle couleur n’a été offerte
Ils vivent en fantômes dans un monde achromatique

A celles ci
Nulle lumière n’a été offerte
Elles se devinent en silhouettes dans un monde acrobatique

Dans leur demeure vide de sens
Ils traversent leurs errances jusqu’à l’impuissance
Elles oublient jusqu’à la fêlure de leurs âmes gisantes

De la vitre brisée, on aperçoit la lune pleine et ronde les narguant de sa folie
Devant la porte barrée, un loup imaginaire hurle à la mort et à la peur

Les escaliers s’étirent en colimaçon, escarpés, abîmés, effacés, himalaya intérieur.

Puis, au centre. Presque rien. Juste la teneur d’un secret enfoui.
Ils et elles tournent, diaphanes, dans la pâleur de la nuit,
Ils et elles imposent, silencieux, la transparence de leur venue,
Ils et elles valsent, opalescents, sur le souffle ténu de leur vie.

Le secret disparaît.
La demeure s’efface.
La couleur apparaît.
Le monde s’ouvre.
Ils et elles reviennent.
Ils et elles deviennent.
Ceux-là.

Ecrit le 15 décembre 2018
Droits réservés © 1001 petits pois

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L’heure blanche

De la longue aiguille, elle ne retient rien.

Elle attend
Assise dans son fauteuil à bascule
Les jambes recouvertes d’un plaid assemblé de mille peaux.

Du dehors, elle ne se souvient plus.
Du dedans, elle observe juste le mur en face.

Il y a la photo, accrochée depuis l’éternité
Et le papier peint fleuri, passé depuis le temps du printemps à l’automne
Il y a la petite étagère chromée
Sur laquelle sont posés le napperon de dentelle et le vase ébréché
Et juste en bas, presque caché, les restes d’un dessin d’enfant, grondé d’un sourire froncé

Du dehors, elle ne se souvient plus.
Du dedans, elle observe juste sa solitude.

De la longue aiguille, elle ne retient rien.

Elle ne voit que la petite qui vient de terminer sa course.

L’heure blanche a sonné.
Elle s’est endormie.
Le plaid assemblé de mille peaux a glissé.
Elle ne l’a pas ramassé.

Ecrit le 15 décembre 2018
Droits réservés © 1001 petits pois

Symphonie du silence

A chaque pas, un frôlement solitaire
A chaque envol, un fil fragile
A chaque instant, la délicatesse de la plume

L’oiseau s’avance à pas de loup
Dépose une empreinte à même le sol gelé
Regarde son instinct par le miroir
Et s’immobilise.

Dans la nuit forestière, il transparaît, impuissant et s’étonne de ne pas être déjà reconnu.
Dans la brume boréale, il disparaît, évanescent et s’étonne de ne pas être déjà inconnu.

L’oiseau s’avance à pas de louve
S’abandonne, une goutte virginale dans la profondeur de soi
Ecoute la symphonie du silence qui s’écrase dans sa tête
Et s’apaise.

A chaque pas, à chaque envol, à chaque instant,
Devenir autre et rester soi-même.

Ecrit le 15 décembre 2018
Droits réservés © 1001 petits pois

Frères

La forêt humaine avance en plein soleil, guerrière, menaçante
Le petit bois se replie, sa force cachée à l’ombre de la canopée
La forêt humaine s’arme de puissance, d’orgueil, de vanité
Le petit bois observe, impassible dans le nuit intemporelle
La forêt humaine dévaste, détruit, hurle
Le petit bois s’enracine, palpite, bruisse

Mais un jour peut-être
Branches et bras
Sang et sève
Homme et arbre
Le combat terminé
La dignité retrouvée
Racines communes
Etre frères.

Ecrit le 13 octobre 2018
Droits réservés © 1001 petits pois

Juste une poussière d’étoile dans le vide

Il pleut des étoiles dans notre lit
Il lit des poèmes dans nos étoiles
Il trace des histoires dans notre vie
Il vise la lune entre nos voiles
Il vole un silence à notre histoire

Je m’accroche, je me tiens à la corde
Je m’enivre, je me sentinelle

Et je pleure, juste une poussière d’étoile dans le vide.

Ecrit le 16 juin 2018
Droits réservés © 1001 petits pois